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2017 – Fondation Hirondelle

 

Cinquième Prix Fondation Ousseimi de la Tolérance décerné à la Fondation Hirondelle

 Le Conseil de la Fondation Ousseimi a le plaisir d’annoncer l’attribution de son cinquième Prix de la Tolérance à la Fondation Hirondelle (www.hirondelle.org). La cérémonie de remise du prix a eu lieu le mercredi 29 mars 2017 à 18h00 à la Maison de la Radio à Genève en présence d’ Ouided Bouchamaoui, Prix Nobel de la Paix 2015 avec le Quartet du dalogue national en Tunisie, François Longchamp, Président du Conseil d’Etat du canton de Genève et Gilles Marchand, Président du groupe RTS Radio Télévision Suisse.

La cérémonie était modérée par Olivier Vodoz, Vice-Président de la Fondation Ousseimi, et Romaine Jean, Présidente du Conseil de la Fondation Hirondelle. François Longchamp, Président du Conseil d’Etat de Genève, a ouvert la soirée en rappelant notamment que « l’information n’est pas un luxe, c’est un droit, célébré par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui dit que la liberté d’opinion et d’expression est nécessaire mais qu’elle doit être accompagnée de la capacité de s’informer, de recevoir des informations de qualité, y compris dans les situations les plus délicates. (…) La Fondation Hirondelle amène cette information dans les endroits les plus difficiles, là où les propagandes souvent sont les plus vives. Dans ces situations de conflit, une information juste amène des solutions concrètes ». Pour sa part, Gilles Marchand, Directeur général de la Radio Télévision Suisse, partenaire de la Fondation Hirondelle, a salué le caractère « professionnel » de la coopération mise en œuvre par la Fondation Hirondelle aves ses partenaires médiatiques. « Entre professionnels de la radio et de l’image, on parle le même langage », a-t-il indiqué.

En l’absence de Maria Ousseimi, fille du Président–fondateur de la Fondation Ousseimi et membre du Conseil, le discours de présentation du prix, dont le texte suit,  a été confié à Jacques Moreillon, également membre du Conseil de la Fondation Ousseimi.

« Je vous lis ici le message de Mme Maria Ousseimi, fille du fondateur de la Fondation Ousseimi et membre de notre Conseil. Ce texte – et je m’en réjouis – est aussi un hommage discret d’une fille à son père dans une culture où ces choses sont encore importantes :

“Bonsoir Mesdames et Messieurs,

Je suis aujourd’hui parmi vous en tant que représentante et membre du Conseil de la Fondation Ousseimi.

La Fondation Ousseimi,
créée en 1990, a pour objectif prioritaire la contribution à un monde plus tolérant et le soutien à toute action qui tend vers ce but.

Aujourd’hui, plus que jamais, notre action est nécessaire et le soutien que nous pouvons apporter à des individus ou des organisations dont le rôle est de promouvoir un monde plus tolérant est devenu, à notre sens, non seulement une nécessité, mais une urgence. Notre définition de la tolérance est liée au respect des idées, des croyances ou des habitudes des autres dans la mesure où elles sont différentes ou contraires aux nôtres. La tolérance est l’attitude, positive ou négative, qu’a une personne par rapport à ce qui est différent de ses propres valeurs. La tolérance n’est pas l’indifférence; elle implique le respect mutuel si l’on ne partage pas les mêmes valeurs.

Au risque de me répéter, le concept même de la tolérance postule qu’il existe des valeurs minimales partagées parmi tous les hommes, une sorte de cadre normatif universel tel celui énoncé dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, et qu’en respectant l’autre chacun s’attend à être également reconnu pour ce qu’il est, ce qu’il fait, ce qu’il croit.

Depuis trente ans notre moyen privilégié de promouvoir cette tolérance a été l’attribution de bourses à des étudiants doués mais sans moyens, principalement du pourtour méditerranéen. Quelque deux mille bourses d’une valeur de presque CHF 20 millions ont ainsi été accordées. Mais le 21ème siècle venu, nous avons décidé d’attribuer, tous les trois ans environ, un prix de CHF 50.000 à une personne ou une institution ayant contribué de façon significative à un monde plus tolérant.

Le choix du premier Prix Fondation Ousseimi de la Tolérance fut facile! En fait, il s’imposa à nous par la personnalité de Nelson Mandela, cet homme exceptionnel qui a su non seulement amener son pays à la démocratie, mais encore lui éviter un bain de sang et le chaos par son extraordinaire faculté de tolérance et de pardon. Nous lui avons remis notre prix en mains propres en avril 2004.

Après le choix de notre premier prix, la Fondation a décidé de donner le prix non pas à une personne, mais à un évènement, en l’occurrence le Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde, dont l’activité nous paraissait exemplaire. En effet, alors que tant de guerres et autres conflits trouvent leur source dans les oppositions religieuses, mettre ensemble les musiques dites “sacrées” de plusieurs religions nous paraissait un acte de tolérance fortement symbolique. Ce deuxième prix a été attribué en 2006.

Se posa alors la question de notre troisième prix. Et si, plutôt que de célébrer une personne vivante, nous reconnaissions plutôt les mérites d’un modèle aujourd’hui disparu mais encore valable pour notre temps? Le sauvetage des chrétiens de Damas par l’Emir Ad el-Khader-al Jazairy en 1860 nous donnait l’occasion en 2010 d’un anniversaire – un cent cinquantenaire! Et la vie et les actes de cet homme fournissaient à notre époque un exemple digne d’être souligné et suivi, car 1860 ne fut pour l’Emir que l’aboutissement d’une longue vie d’ouverture et de tolérance;  lui qui, vingt ans avant Henri Dunant et la première Convention de Genève, confia la protection de ses  prisonniers de guerre à sa propre mère, en énonçant des règles précises quant à leur protection et à leur traitement; lui qui, musulman croyant et convaincu, encourageait le juif à aller dans sa synagogue et le chrétien dans son église, le plus grand péché étant, selon lui, “l’oubli de Dieu”.

Quel meilleur modèle proposer à notre époque où tant d’extrémismes mettent un masque religieux pour cacher leurs mobiles politiques ; où le contenu des grandes religions est travesti et caricaturé pour en faire une arme de conquête; où l’homme  pervertit  par son fanatisme le message qu’il prétend avoir reçu de Dieu; où l’évocation sélective de la lettre du Verbe Divin tue l’esprit de son message  dans toutes les religions? C’est ainsi qu’en 2010 nous avons décidé de donner le Prix Fondation Ousseimi de la Tolérance à l’Emir Abd el-Khader.

Pour son quatrième Prix de la Tolérance, la Fondation a décidé d’attribuer celui-ci à une institution basée en Suisse, mais à vocation et de dimension internationale, qui, depuis longtemps et de façon répétée voire systématique, a contribué à une plus grande tolérance dans notre monde à la fois multiple et divisé: ce qui était le “Réarmement Moral” et qui est devenu “Initiatives et Changement” sous l’impulsion de Cornelio Sommaruga, ancien Président du CICR, que je suis heureuse de saluer aujourd’hui parmi nous.

Cela nous amène à ce soir et à notre choix de décerner le prix à la Fondation Hirondelle, et je vais partager avec vous les mots de notre président Khaled Ousseimi quant à ce choix:

“La Fondation Hirondelle est une organisation véritablement unique, dont l’action désintéressée, impartiale et neutre en faveur de la liberté de la vérité dans les médias a contribué de façon décisive dans plusieurs pays à promouvoir un monde moins haineux et plus objectif, car mieux informé.  La Fondation Hirondelle a ainsi directement, et parfois même indirectement, aidé à cicatriser des plaies et à en éviter de nouvelles. Par la qualité de l’information qu’elle a promue elle a su et pu encourager les êtres humains d’un même pays à une plus grande convivance, à plus de tolérance et d’acceptation les uns des autres, et à une meilleure qualité du vivre ensemble.”

Aussi est-ce un immense honneur pour moi de présenter le cinquième “Prix Fondation Ousseimi de la Tolérance” à la Fondation Hirondelle.”»

Madame Caroline Vuillemin, Directrice générale de la Fondation Hirondelle, a répondu dans les termes suivants :

“Mesdames, Messieurs, chers collègues et amis,

C’est un grand honneur de recevoir ce soir, au nom de la Fondation Hirondelle, le Prix Fondation Ousseimi de la Tolérance. Je représente devant vous le Conseil de Fondation, nos employés présents et passés et surtout tous nos bénéficiaires à travers le monde depuis 22 ans. Au nom de toutes et tous, je remercie sincèrement la Fondation Ousseimi pour sa reconnaissance et ce geste qui nous encourage et nous soutient pour continuer notre mission.

Alors qu’aujourd’hui la tentation du repli sur soi et du rejet de « l’autre» se ressent dans toutes nos sociétés, la tolérance est une valeur qui doit nous permettre de retrouver les chemins d’un vivre-ensemble plus apaisé.

Contribuer à plus de compréhension entre les hommes et à un monde plus tolérant, ce bel objectif que s’est donnée la Fondation Ousseimi, fait plus que jamais du sens, face aux soubresauts de l’actualité mondiale.  Les actions et soutiens que met en œuvre la Fondation Ousseimi contribuent ainsi à valoriser la reconnaissance de la diversité culturelle et de sa richesse, une meilleure compréhension des différences, et à faire ainsi reculer la peur.  L’action de la Fondation Hirondelle rejoint ces objectifs.

La Fondation Hirondelle a choisi l’information factuelle et vérifiée et le dialogue comme principes d’action. Elle promeut une vision du monde basée sur les droits et la capacité de chacun à agir, à prendre des décisions dans sa vie quotidienne, comme dans sa vie citoyenne. Au travers des media indépendants que nous créons ou soutenons, nous permettons à des journalistes et autres producteurs d’information tous les jours de faire leur métier dans des conditions qui le leur permettent, en toute indépendance et avec responsabilité, de faire reculer la peur et de contribuer à une meilleure entente entre les populations à qui ils s’adressent.

Comment un programme radio ou un débat entre parties adverses contribuent-ils au respect des droits humains, à la possibilité de chacun d’exister tel qu’il est, quel que soit sa couleur, sa culture, sa foi ou ses convictions ?

Plusieurs réponses à cette question. Tout d’abord parce que les media, notamment les media de service aux publics et qui ont pour mission l’intérêt général, sont avant tout des courroies de transmission et des lieux d’échange, entre les expériences, les points de vue et les convictions de toutes celles et ceux qui composent une société.

En donnant à chacune et chacun la possibilité de s’exprimer, et de s’écouter, ne serait-ce que le temps d’une émission les media de la Fondation Hirondelle permettent à leurs publics de prendre en compte toute la diversité de leur société, de mieux comprendre les contraintes et les attentes de « l’autre », et de trouver des terrains d’entente pour résoudre les problèmes, ceux du quotidien comme ceux qui influent sur leur futur.

Par les media, je peux découvrir, connaître et reconnaître l’autre. Dépasser l’indifférence ou l’ignorance. Par l’information, je comprends, je vois les similitudes et les différences, donc je n’ai plus peur. Par le dialogue et l’échange d’idées, je réalise que je peux « faire commun » ensemble, construire ensemble.

C’est ainsi que nous vivons la tolérance dans nos projets, avec nos équipes, nos partenaires, et les publics qui nous font confiance.

Que notre approche et notre travail soient aujourd’hui reconnus et salués par la Fondation Ousseimi nous honore. La présence de Madame Bouchamaoui, dont le parcours, l’expérience et la pratique du dialogue et de la concertation sont inspirants nous renforce dans notre conviction et notre volonté de poursuivre notre mission, malgré les difficultés.

Je remercie à nouveau la Fondation Ousseimi pour son soutien et Madame Bouchamaoui et vous tous pour votre présence. “

Madame Ouided Bouchamaoui, Présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, et Prix Nobel de la Paix en 2015 avec le Quartet du dialogue national en Tunisie, a clôturé la cérémonie en tant qu’invitée d’honneur. Elle a partagé son expérience du dialogue dans un pays en transition démocratique et du rôle des médias dans ce contexte, « un rôle très important pour permettre aux gens de s’informer, de parler de leurs problèmes, et surtout pour comprendre ce qui se passe dans les régions intérieures du pays. Les médias nous ont permis d’être plus au courant, d’être à l’écoute, de comprendre la souffrance de la population et les problèmes d’infrastructures dans les régions. »

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Jean-Marie Etter, ancien Directeur général de la Fondation Hirondelle, Ouided Bouchamaoui, Prix Nobel de la Paix 2015 avec le Quartet du dialogue national en Tunisie, et Caroline Vuillemin, Directrice générale de la Fondation Hirondelle. © Fondation Hirondelle / Fabian Jobin

 

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Romaine Jean, Présidente du Conseil de la Fondation Hirondelle et journaliste à la RTS, et François Longchamp, Président du Conseil d’Etat de Genève. © Fondation Hirondelle / Fabian Jobin

 

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Gilles Marchand, Directeur général de la Radio Télévision Suisse. © Fondation Hirondelle / Fabian Jobin

 

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Remise du prix par Jacques Moreillon et Olivier Vodoz de la Fondation Ousseimi, à Jean-Marie Etter et Caroline Vuillemin de la Fondation Hirondelle. © Fondation Hirondelle / Nicolas Boissez

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Ouided Bouchamaoui, Prix Nobel de la Paix 2015 avec le Quartet du dialogue national en Tunisie, interrogée par Romaine Jean. © Fondation Hirondelle / Fabian Jobin


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ouided Bouchamaoui, Prix Nobel de la Paix 2015 avec le Quartet du dialogue national en Tunisie, interrogée par Romaine Jean. © Fondation Hirondelle / Fabian Jobin